Dans la tribune des visiteurs, plutôt que la qualité de l'adversaire ou la formidable réaction des Pontellois dans une seconde mi-temps épique, ce sont bien les décisions arbitrales qui monopolisaient les conversations, forçant aux regrets la poignée de supporters venue en baie de Somme accompagner les leurs. “Il y a eu un manque de cohérence évident et inquiétant dans l’application des règles du jeu”, renchérissait Michaël Durand, à l'issue de la rencontre perdue sur le fil après un formidable come-back qui a tenu en haleine la salle bien comble du gymnase d'Abbeville.
Doit-on le rappeler ? La défaite est consubstantielle au sport de compétition. Mais perdre une rencontre lorsqu’elle est marquée par un lourd et pesant sentiment d'injuste pénalité, suscite une profonde frustration.Cette émotion douloureuse ressentie touche à notre perception de l’équité. Les valeurs du sport, comme un bon miroir social, reposent sur des règles claires et une application impartiale de celles-ci. Lorsque ces règles sont perçues comme violées, cela ébranle notre confiance, non seulement dans le cadre sportif, mais aussi dans l’idée plus large de justice.
Quant au match, rien que le match, quel dommage de ne pas pouvoir ôter ce sentiment victimaire ! Il s'agit là d'une véritable matraitance intellectuelle. Sortir d'une rencontre si haletante avec tant de qualités, pour ne garder, en guise de surcharge cognitive, qu'une bouillie arbitrale, relève du blasphème handballistique...
Dans une première période ultra dominée par les locaux, la réserve connut une demi-heure des plus compliquées qui envoyait leurs supporters vers de profondes torpeurs. Ils ne furent pas les seuls à ressentir cette inquiétude puisque le coach lui-même déposait deux temps morts en moins de cinq minutes (14ème et 18ème).
Incapables de répondre aux roquettes abbevilloises, les Seine-et-marnais voyaient l'écart grandir pour atteindre 9 buts à l'approche de la pause (19-10). Peu aidés par la sévérité inappropriée des hommes en noir, les réservistes trouvaient néanmoins les ressources pour réduire un peu l'écart et rentrer au vestiaire sur la marque de 20-13.
La seconde période serait celle de la résurrection. En cendres avant la pause, tel le Phénix, ils rejailliront de classe dans la deuxième partie du match, revenant doucement au score sous l'impulsion de Taylor Forte, placé sur la base arrière qui fissurait les reins des défenseurs à la grâce de ses appuis enflammés.
C'est tout autre match auquel nous allons désormais assister avec le retour des Jaunes qui, en cinq minutes, allaient tout renverser sur leur passage pour recoller au score, obligeant l'adversaire à poser un temps de repos (24-21).
L'assistance locale commençait elle aussi à s'emparer d'un sentiment étrange dont elle n'avait pas encore humé l'odeur depuis le début de la saison. La peur s'installait dans les travées, ce qui poussait une poignée d'acharnés à exprimer celle-ci en insultant copieusement les joueurs pontellois. Loin de tomber dans le piège de la provocation, les héros malheureux, lancés comme des frelons, touchaient du bout des doigts l'exploit inespéré devant ce public qui, à sa façon, exprimait son admiration et son respect.
Malheureusement, les Samariens garderont les deux petites unités d'avance, suffisantes à leur bonheur. N'ayant pas réussi à revenir à un but par maladresses ou de manque de lucidité, les Pontellois s'inclineront après une énième facétie du duo arbitral qui expulsait Edgar Bourillon, très en vue en seconde période, pour un jeu jugé dangereux.
Ce coup bas fut de trop pour les valeureux visiteurs du soir. Ils ont lutté vaillamment mais les adversaires étaient vraiment trop nombreux sur le gerflor, samedi soir, pour espérer rentrer avec un résultat positif.
Déçus mais pas abbatus, les réservistes saluaient néanmoins leurs vainqueurs et leurs bourreaux. Messieurs les arbitres, Il n'est pas question de mettre en doute votre probité ou votre impartialité, mais votre prestation, de toute évidence, ne fut pas à la hauteur de l'enjeu. Cette opposition qui rassemblait les deux seules équipes encore invaincues méritait un combat loyal. La fête est gâchée, qu'à cela ne tienne ! Sans rancune messieurs.